T’es adossé au comptoir du bar, Lana t’a servi une blonde, petite pression, bulle qui pètent dans la bouche, goût légèrement sucré et amer comme tu l’aimes. La mousse blanche qui reste sur le duvet, la classe incarné quoi. Coude sur la table, tu balances tes pieds frénétiquement, au son du vieux piano désaccordé joué par un client complètement pété alors qu’il n’est même pas vingt et deux heures passés. En fait, tu t’ennuies pas, non, la marque sur ton front, ce pli là, celui qui dit que tu réfléchis intensément, se triturant de doigts, se mordant la langue, l’ongle de ton pousse complètement rongé. Tu écris sur un carnet, complètement défraîchi -oui tu sais écrire, première nouvelle. ça te chiffonne depuis un long moment, impossible de résoudre ce problème.
Ton regard coule vers Lana, elle sert depuis combien de temps ici déjà ? Tu as l’impression de l’avoir toujours connu dans ce bar, a telle déjà fait autre chose de sa vie ? Tu abandonnes quelques secondes ce que tu faisais avec vigueur et sérieux jusqu’à maintenant. Tu es venu ici pour ça, aller dans les bars ça te détend. Oui, il y a du bruit, toujours -ou en tout cas dans celui-là-, mais te sentir entouré te rassure en quelque sorte ; le silence est trop profond, trop noir. Trop silencieux, pour toi. Alors tu vadrouilles incessamment. Histoire de trouver l’endroit le plus bruyant, fuyant le silence.
“Eh Lana, dis, euh je me demandais.. Euh, j’ai un p’tit boulot, t’inquiète rien de chaud comme la dernière fois. Mais j’ai besoin d’une collègue, enfin, genre, quelqu’un pour m’assister ; mais tu serais payer hein ! C’est pour m’accompagner à Simel, ça prendrait euh quelques heures à tout casser. Je dois y aller dans la soirée là, j’ai pas pu trouver de personnes réellement intéressées -peut-être qu’ils ont captés le traquenard. Tu gagnerais plus que ton salaire pour une journée bien sûr hein ! Euh, alors ? tu viendras ou je demande à quelqu’un d’autre ?”
si cette personne existe. Tout le monde a capté qu’il y avait anguille sous roche, c’est toujours comme ça lorsque quelqu’un demande un service à Simel. Mais ça, pas n’importe qui le sait. Et si Lana accepte cette offre alléchante d’un travail payé -ou peut-être pas, on est jamais trop sûr avec toi- alors, elle comprendra très vite à ses dépends l’envergure du décor.
YOU'LL NEVER KNOWN THE PSYCHOPATH SITTING NEXT TO YOU.